· 

La tyrannie entre mères sur les réseaux sociaux !

Il y a deux semaines, en me promenant sur un groupe Facebook de parents, je suis tombée sur la publication d'une mère qui demandait si elle pouvait donner un biberon d'eau minérale à son bébé en plus de ses biberons de lait. Question simple, n'est-ce pas ?

 

Mais dans la sphère publique, rien n'est simple ! Sur les 80 réponses qu'enregistrait cette publication, seule une petite dizaine lui conseillait de donner de l'eau. Et le reste ? Et bien on lisait des "Tu aurais mieux fait de l'allaiter, l'allaitement à la demande comble les besoins en eau !" et des "Ne lui donne surtout pas d'eau, l'allaitement devrait être amplement suffisant, l'eau est mauvaise pour les bébés !". Euh... Donc en plus de mettre en danger un bébé avec des conseils tout pourris (rappelons qu'à ce moment-là nous sommes en pleine canicule !), les mamans n'ont rien trouvé de mieux que de faire culpabiliser une mère qui avait choisi (ou subi) de nourrir son enfant aux biberons.

 

Mais à ce que je sache, l'allaitement est un choix, non ? 

 

Ah bin non, apparemment, quand on donne la vie, on signe une charte magique dans laquelle on s'engage à être une mère parfaite, adepte de l'allaitement, du portage, du maternage positif, des petits produits bio et de tout le tintouin ! Et les réseaux sociaux, remplis de mères parfaites, sont là pour surtout bien nous rappeler à l'ordre si on s'éloigne du sentier !!!

 

La théorie des pleurs de bébé

Pourtant, moi-même je suis une adepte d'internet. Je lis aussi beaucoup de livres de puériculture, mais j'admets volontiers que lorsque j'ai une question, il est bien plus simple d'aller faire une petite recherche Google ou de poser la question sur un groupe Facebook. La preuve, c'est comme ça que j'ai pu me rendre compte que ma fille présentait des symptômes d'allergies au lait de vache. 

 

Mais internet a aussi ses TRES MAUVAIS côtés ! Et croyez bien que j'en ai fait les frais.

 

Parlons-en, justement, de l'allergie de ma fille. Si vous m'avez un peu suivi, nous avons mis plus d'un mois à détecter le problème de santé de Louise, et les pleurs constants de mon bébé m'ont amenée à une bonne dépression post-partum. Alors évidemment, au bout d'un moment, j'ai laissé Louise pleurer, seule dans son lit ! 

 

"OH MON DIEU, MAIS QUELLE MERE TERRIBLE !!!"

 

Non non, ça ce n'est pas moi qui le dit, c'est internet ! Bin oui, si on en croit les études actuelles, laisser pleurer un bébé, en augmentant ses taux de cortisol, limite le développement de son cerveau, et en fera en définitive UN DELIQUANT ! Vous avez bien lu, quand j'étais sur les réseaux, j'ai lu qu'en agissant en tant que tel, j'allais faire de ma fille une criminelle sans cœur ! 

 

Merci merci, les mamans qui jugent, car en plus d'être en pleine détresse émotionnelle, vous me faisiez culpabiliser à fond ! Autant dire que ça ne m'a pas aidé du tout à sortir la tête de l'eau. J'osais encore moins parler de mon mal-être, car je savais que, loin de recevoir de l'aide et du réconfort d'autres mamans, je serais jugée comme une mère incompétente par toute la communauté des mères parfaites.

 

Mais vous savez quoi, moi aussi on m'a laissée pleurer. En fait, on a laissé pleurer toute ma génération, et au final on n'est pas tous complètement débiles. Alors attention, je ne dis pas que c'est une raison pour laisser pleurer son bébé, mais franchement, est-ce que finalement ce n'est pas simplement un choix des parents concernés ? Pourquoi devrait-on suivre une voie unique, basée sur des méthodes d'éducation à la mode, au risque d'être jugée et assaillie de remarques désobligeantes ?

 

Moi, mère imparfaite et fière !

Avec le temps, j'ai appris à ignorer tout ça, à ne plus culpabiliser parce que je ne suis pas les préceptes souverains de l'éducation positive. Surement est-ce dû au fait que je n'ai jamais aimé suivre, tel un mouton sans cervelle, toutes les modes vestimentaires, musicales ou comportementales : je suis moi, et croyez-moi c'est déjà suffisant.

 

Alors non, je n'ai pas allaité les 6 mois recommandé par l'OMS, catastrophe ! Et oui, je vous vois arriver, passer ma fille au biberon aura déclencher son allergie. Et bien soit, tout ne peut pas être parfait. En attendant, j'ai arrêté de me sentir comme une vache à lait, et ça ça fait du bien au moral !

 

Et vous savez quoi ? Et bien on laisse pleurer Louise dans son lit au moment du coucher, et en deux minutes elle dort. Et on n'a jamais pratiqué le portage, sauf en randonnée, du coup c'est une petite fille très vive, curieuse et mobile. Mais parfois, on la met quand même dans un parc ou un transat : oh misère, ils sont fous ! On a fait 6 mois de couches jetables aussi, et si on tente les lavables, ce n'est pas pour les remplacer totalement. Et on dit NON ! Oui, le fameux mot interdit, celui que tu dois absolument remplacer par des heures d'explications calmes et réfléchies. Et bien nous on dit non, et même que souvent on lui fait les gros yeux en même temps.

 

Et tout ça, ça nous regarde. NOUS, et simplement NOUS !

Il n'est pas question de se faire dicter l'éducation de nos enfants par d'autres mères qui pensent faire mieux que nous. On sera surement jamais des parents parfaits, mais on sera les bons parents pour nos enfants, et c'est ce qui importe.

 

 

Et la morale de l'histoire ?

Je ne dis pas que tout est à jeter dans les méthodes actuelles. Je suis une scientifique, je comprends tout à fait les bénéfices du lait maternel et les risques de l'alimentation non bio. Je suis une maman, bien sûr que ça me fend le cœur de laisser ma fille pleurer et de me mettre en colère quand elle fait une bêtise. Et si chez d'autres, ces méthodes marchent, tant mieux, je leur souhaite tout le meilleur dans l'éducation de leurs enfants. Mais qu'on ne vienne pas m'imposer ces choses à moi.

 

Et surtout, qu'on ne vienne pas me faire culpabiliser ! Et qu'on arrête de faire culpabiliser toutes ces jeunes mères, tiraillées entre leurs ressenties, leurs envies, ce que leur tata Lucienne dit, et ce que les réseaux sociaux leur assaillent. C'est dangereux ! Je ne compte même plus le nombre de mères en dépression que je vois passer et qui disent "je fais ça, mais on m'a dit que c'était nul, alors JE ME SENS NULLE !".

 

 

Non, ne pas suivre toutes les injonctions d'une méthode éducative, aussi prônée soit-elle sur les réseaux, ne fait pas de nous des mamans nulles, mais fait de nous des mamans réfléchies qui s'adaptent à leurs enfants, à leur mode de vie, et surtout à elles-mêmes. Et c'est ça qui fera leur bonheur, et une maman heureuse, ce sont des enfants heureux, voilà tout !

Écrire commentaire

Commentaires: 1
  • #1

    Mathilde (lundi, 10 février 2020 11:02)

    MERCI. Un grand merci. Qu'est-ce que ça fait du bien de lire cet article. Je viens d'ailleurs de me désinscrire de tout ces groupes. Ras le bol de passer pour la mère indigne de service. Tu ne te rends pas compte à quel point tu as égailler ma journée