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Allô docteur : bébé est IPLV !

"- Ipé-quoi vous dites ? Qu'est-ce que c'est encore que cette nouveauté ? Idéal Pour Les Vocalises ? Idyllique Pendant Les Vacances ?

 

- Mais non ! IPLV, comme Intolérant aux Protéines de Lait de Vaches

 

- Encore un truc à la mode ça, comme les intolérants aux glutens et au lactose.

 

- Non, c'est pas "à la mode", c'est une vraie maladie des bébés. Je vous assure, mon bébé ne supporte pas le lait de vache.

 

- Pff ! Encore un truc de végans ça ! Et puis de toute manière, il va très bien votre bébé. Allez allez, ne reportez pas vos idées loufoques sur votre enfant, madame."

 

Bon j'admets, c'est un peu exagéré, mais c'est un peu comme ça que j'ai vécu la découverte du problème de santé de Louise, ou plutôt comment on m'a imposé de la vivre : en me sentant idiote et sur-stressée pour rien. Mais non, ce n'était pas rien ! 

 

Allez venez, je vous raconte comment j'ai découvert que mon bébé était IPLV.

 

Dans les pleurs et la bonne humeur

Pour ceux qui ont déjà lu mon article "L'ombre derrière la maternité", vous savez déjà que vers l'âge d'un mois, Louise s'est mise à pleurer énormément, à un tel point que je suis partie en dépression totale. Elle pleurait environ 8 à 10 heures par jour, elle dormait très peu le jour (mais a maintenu des nuits à peu près correctes), et se tortillait beaucoup.

 

Au début, comme on rentrait de voyages chez nos parents, qu'elle avait en plus enchaîné avec une hospitalisation pour bronchiolite, et que, oh joie !, elle était en plein pic de croissance, les pleurs ne nous ont pas vraiment inquiétés. On s'est même dit bêtement que c'était son caractère, qu'elle était ronchon et puis c'est tout. Ce qui nous a fait réagir, c'est quand, épuisée, je décidais qu'elle prendrait un ou deux biberons de lait infantile par jour de façon plus régulière, pour que je puisse respirer. Elle en avait déjà pris quelques uns depuis qu'on était rentrés, ça permettait à papa de trouver sa place sans que je doive me mettre en mode vache à lait avec sa tireuse. Sauf qu'en quelques jours, elle développa une bonne diarrhée, ce qui nous amena tout naturellement à consulter son pédiatre. 

 

Le pédiatre ne détecta rien d'alarmant : une petite gastro, ça va passer. Il nous prescrivit un lait sans lactose pour soulager les intestins de mademoiselle pendant deux petites semaines, et voilà. Pour nous, c'était réglé, les pleurs étaient dus à sa gastro, point

 

Pourtant, après un mieux de quelques jours, la sérénade quotidienne reprit bon train. Pire, quand on voulut réintroduire le lait normal, on eut droit à la repeinte totale du berceau couleur lait, un régal ! Et des cris, des cris, des cris, qui n'en finissaient plus. Retour illico chez le pédiatre ! "C'est rien, on a été trop vite sur la réintroduction, on va faire un mois de lait sans lactose, et ça ira mieux. - Et les pleurs, docteur ? - Oh mais vous savez, un bébé ça pleure, c'est normal". Bien sûr....

 

Parents, faites confiance à votre intuition

Au cours de cette visite, j'avais délicatement amené l'idée d'une possible intolérance au lait de vache. Bin oui, comme toute bonne maman bien larguée, j'avais tapé "bébé pleure" dans Google, et j'étais tombé sur un article qui parlait de ça. Et pourquoi pas, après tout ?! Cela expliquait assez bien pourquoi le fait de rendre plus régulière la prise de biberons avaient accélérée la descente aux enfers, et pourquoi changer de lait avait permis un léger mieux, au départ (car le fameux lait sans lactose contient aussi moins de protéines de lait de vache). 

 

"Mais non, c'est assez improbable. C'est vraiment rare, et puis là c'est juste une gastro, je vous assure. Et puis de toute manière, elle ne présente pas les signes d'une intolérance."

Par "signes d'une intolérance", comprenez problèmes de peau (eczéma, boutons), problèmes digestifs (plus qu'une petite diarrhée et un ou deux vomis) et réactions allergiques (oedeme de Quick et tout ce joli petit monde). Alors oui, effectivement, avec notre bébé qui pleure, on ne cochait pas vraiment les cases... Mais ça me chagrinait quand même qu'on ne puisse pas envisager une forme légère.

 

Nous avons alors laissé trois semaines s'écouler, dans l'enfer absolue d'un bébé hurleur vs une maman en pleurs, et comme public un papa en peurs. Bref, il fallait faire quelque chose, bébé ne pleurait pas juste "parce que c'est un bébé", et moi je ne pouvais pas être juste "une mère qui ne supporte pas les pleurs", ça n'avait pas vraiment de sens. Et cette idée d'intolérance me faisait vraiment ruminer, alors je me suis dit qu'on ne perdait rien à tenter de changer (encore) de lait.

 

Autant vous dire que je n'ai pas appelé le pédiatre pour lui demander son avis.  J'ai choisi un lait de riz en pharmacie (qui du coup ne contient ni lactose, ni protéines de lait de vache), et nous voilà lancés sur un nouveau test. Et là, miracle ! En une semaine à peine, les pleurs s'estompent, les siestes reviennent, et on voit apparaître de larges sourires sur le visage de notre fille. Mais alors, ça veut dire qu'on a trouvé ?

 

Médecins, faites confiance aux parents !!!

Evidemment, il aurait été trop simple que ça s'arrête là. Le pédiatre de Louise, qui apparemment ne croyait toujours pas à notre théorie, a tout d'abord essayé de nous culpabiliser, à coup de "vous n'auriez pas du ENCORE changer de lait, vous lui faites plus de mal aux intestins" et "vous auriez du m'appeler, MOI je vous aurais conseillé". Autant vous dire qu'insister sur les bénéfices de ce changement n'amena à rien de plus. 

 

A croire que limite, on faisait ça pour notre bon plaisir. Bin oui, c'est bien connu, les parents adooooorent payer une blinde pour du lait infantile spécial, et courir toutes les pharmacies du département parce que celui-ci est en rupture de stock à peu près partout. Evidemment, un vrai partie de plaisir !

 

Mais on a tenu bon, et on a enfin sorti la tête de l'eau, tous les trois. Louise a très bien pris son nouveau lait, a continué à grandir tout à fait normalement, et est redevenu une petite fille adorable (bon ok, avec son petit caractère de cochon quand même, mais rien à voir avec avant).

 

Pour ses 4 mois, le pédiatre nous incita quand même à tenter une réintroduction du lait de vache. Je vous avoue que c'est là que je me suis faite avoir comme une bleue : j'étais vraiment fatiguée de courir après le lait de riz, dont les stocks étaient devenus quasi inexistants dans toute l'Europe, et dont les prix avaient largement dépassé le prix de mon rein sur le marché noir. Du coup, je me suis remise en question, et j'ai cédé.

 

Après deux cuillères de lait infantile normal dans un biberon, une repeinte du lit en bonne et due forme, et cinq jours de hurlements, où absolument personne ne réussit à fermer l’œil de la nuit ou du jour, il était clair et net pour tout le monde que Louise était IPLV. Obtenir que le pédiatre le reconnaisse enfin fut tout de même ma petite victoire !

 

 

Alors je ne conclurai qu'en vous disant : parents, faites vous confiance ! Vous seuls connaissez au mieux vos enfants, et sans être de grands médecins, vous avez parfois des intuitions qui sont les bonnes. Certes tous les bébés qui pleurent ne sont pas IPLV, mais quand ils se sont, il est parfois complexe de le détecter. Et non, au grand dam NON, les bébés qui pleurent des heures durant, des semaines durant, CE N'EST PAS NORMAL !!! Alors ayez foi en vous, vous allez trouver ce qu'il se passe.

 

Et amis médecins, vous avez certes fait de grandes et belles études, mais il est aussi nécessaire que vous sachiez vous remettre en question. Vous ne savez pas tout, et vous faites des erreurs, c'est normal, personne ne vous en voudra pour ça (si l'erreur ne met pas une vie en jeu, soyons d'accords!). Mais par contre, quand les parents ont la solution à votre place, sachez le reconnaître, et ne restez pas ancrés dans vos convictions : là, effectivement, les parents pourraient vous en vouloir !

 

Alors voilà, prochain rendez-vous dans un an pour refaire un test de réintroduction, et en attendant, on s'amuse à la chasse aux produits laitiers !!

 

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