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Lettre à ma maman

Aujourd'hui, c'est la fête des mères ! 

C'est donc aussi ma PREMIÈRE fête de mère (hourra !).

 

Mais quand moi je suis fêtée pour la première fois, je ne peux m'empêcher de penser à ma maman, qui elle est fêtée pour la vingt-cinquième fois (rien que ça tiens !). 

Alors quoi de mieux pour débuter ce blog de Lettres de maman que d'écrire une lettre à ma propre maman ? 

 

Ma tendre maman,

 

Voilà 25 ans que tu es devenue mère, un quart de siècle à accomplir avec brio le grand rôle de ta vie, des milliers de tours de cadrants à regarder tes filles grandir et devenir. Devenir quoi ? Devenir beaucoup de choses en fait, mais nous y reviendrons.

 

Pour ma part, en devenant maman à mon tour, j'ai commencé à comprendre bien des choses. Être maman, ce n'est pas simplement une étape dans la vie, tout simplement car cela n'a pas de fin, pas même quand les enfants s'envolent du nid. Mettre au monde un enfant, c'est aussi faire naître une maman, et rien au monde ne pourra plus changer ça !

 

Maman tu es devenue, maman tu resteras !

Et quelle maman ! Peut-on espérer en avoir une meilleure ? Même sans point de comparaison (bin oui, on a qu'une maman), je peux dire que la personne que je suis actuellement, la femme, la professionnelle, l'amie, et par dessus tout, la jeune maman, c'est en grande partie à toi que je le dois.

 

On pourrait évoquer ici tant et tant de souvenirs que des livres entiers ne suffiraient pas à les réunir. Mais pour cette date spéciale, j'aimerai en évoquer simplement trois, trois souvenirs qui n'ont rien d'extraordinaire, mais qui m'ont marquée, m'ont appris des choses, m'ont faite moi !

 

#1 : La FIERTÉ d'une maman

J'ai 17 ans, et cette année-là, comme des milliers d'autres élèves, j'attend les résultats du BAC. Comme des milliers d'autres élèves, j'aurai la mention TB. Habituée aux bonnes notes, telle une première de la classe trop zélée, je n'ai aucun doute, ce n'est qu'une formalité.

 

Tu m'as accompagnée, et à l'image de tous les autres parents, tu trépignes d'impatience. Tu sais, mais tu veux savoir pour de vrai, que ce soit écrit noir sur blanc. Au moment de l'affichage, tu aimerais bien passer devant toute cette foule, mais moi je prend mon temps. La mention me fait à peine plaisir, car je n'en ressent, finalement, aucun mérite. Cela devait être, cela est fait, voilà, il est  temps de passer à autre chose.

 

Cette journée aurait donc dû être comme toutes les autres, mais tu t'es refusée à me laisser la prendre comme telle. Tu sautais de joie, tu avais envie de le dire à la terre entière, "regardez, ma fille a eu son bac, et avec mention en plus!". Ta fierté, si pure, si belle, comme si c'était la première bonne note de toute ma vie, était contagieuse, et parce que tu étais fière de moi, je me suis dis que, finalement, peut-être que moi aussi j'avais le droit d'être fière de moi.

 

Les mamans ne s'habituent pas à la réussite de leurs enfants, elles ne finissent pas blasées de devoir féliciter, elles ne feignent pas leur bonheur. Chaque réussite d'un enfant, même répétée indéfiniment, reste une réussite à part entière. 

 

Et même si cet épisode m'avait convaincu de mon mérite, je ne comprenais pas encore. Maintenant, je comprends. Je comprends en regardant Louise se retourner, encore encore et encore, et en continuant à m'en émouvoir, à pousser des cris de joies, à applaudir, encore, encore et encore. La fierté d'une maman n'a pas de limite.

 

#2 : La GÉNÉROSITÉ d'une maman

Ceci n'est pas un souvenir, c'est une multitude de souvenirs. Tout simplement parce que je n'arrive pas à me souvenir d'un seul noël où tu ne m'ais pas gâtée. En revanche, je me souviens d'un noël particulier, je ne sais même pas quel âge j'avais, peut-être 7 ou 8 ans.

 

On vivait toutes les trois dans cet appartement, peut-être trop grand pour nous, mais on s'y plaisait bien. Pourtant, quelque part, je savais que tout n'était pas aussi simple, que l'argent ne tombait pas du ciel, et que même si tu nous faisais passer en priorité, il y avait des choses plus importantes que quelques jouets. Je m'en souviens parce que tu nous l'a fait comprendre, délicatement, à demi mot, alors que nous inscrivions l'intégralité du magazine de jouet sur notre liste de noël. 

 

Je me souviens tout particulièrement de cette collection de poupées, bien trop maquillées et trop peu vêtues, dont nous rêvions. Nous avions passé un temps considérable à se les partager sur nos listes de cadeaux : "moi je prends celle-ci, toi celle-là, moi celui-là, et toi la dernière". Bref, c'était clair (enfin un truc pour lequel on ne se disputait pas avec ma sœur). Mais quand j'ai réalisé qu'il y avait un coût, je me souviens avoir déchirer ma lettre au père noël, en disant "moi je ne veux pas de cadeau cette année". Le pire, c'est que j'étais fière de moi (la fameuse fierté qui me fera défaut plus tard), et que je me pavoisais face à ma sœur parce que, moi au moins, je n'allais pas nous faire dépenser de l'argent pour rien. 

 

La fierté n'a pas durée longtemps, et le matin de noël, tandis que ma sœur déballait ses poupées, j'ai eu un horrible pincement au cœur. J'avais été idiote, et je le regrettais. Mais le père noël (oui oui maman, je sais que c'était toi!) ne m'avait pas oubliée. Je ne saurais dire si c'est cette année-là que j'ai reçu mon lecteur CD, ma peluche panthère ou le fameux carnet d'écriture qui m'aura amenée à coucher tant de mots sur le papier, je me souviens juste qu'à la fin, je ne pensais plus aux poupées, je pensais à ta générosité, qui traduisais très certainement tout ton amour.

 

Et chaque noël passé me rappelle cela, chaque profusion de cadeau, même quand on dit "non mais juste un chèque ça ira", me rappelle que tu es généreuse. Trop ? Je ne sais pas. Après tout, Louise n'a même pas eu son premier noël, et pourtant qu'est-ce que je la gâte tout le temps !

 

3# : La continuité d'une maman

Le troisième souvenir est le plus récent, et surement le plus intense, le plus important. Il date d'il y a un peu plus d'un an, alors que je viens tout juste de faire pipi sur un test en plastique, et qu'une deuxième petite barre est apparue.

 

Tu es loin, ou plutôt c'est moi qui suis loin, loin de tout, loin de toi. Je regarde cette petite croix bleue, et au bonheur succède l'angoisse. Une angoisse écrasante, qui me prends à la gorge. Et si je ne m'en sortais pas ? Et si ce n'était pas le bon moment ? Et si on avait pas les moyens, pas la capacité, pas la force ? Je l'avais attendu si longtemps, si fort, et à ce moment-là je me retrouvais désemparée, persuadée que je ne m'en sortirais pas.

 

Dans ces moments-là, il est évident que tu es la première personne que j'appelle, la première qui puisse me rassurer, même quand tu ne comprends pas vraiment. Tu sais juste qu'on essaie d'avoir un bébé, et je ne te dis pas que ma grossesse a débuté. Je te dis juste, au bord des larmes, que je pense qu'on y arrivera pas, qu'on n'est pas prêts. Et toi, tu me réponds qu'on est jamais vraiment prêts, mais qu'on devient prêt quand ça arrive, que si les choses ne se déroulent pas comme elles devraient (et soyons clairs, ça ne se déroule JAMAIS comme ça devrait), et bien alors on saura s'adapter. Que si on en est arrivé là dans notre vie, à envisager d'agrandir notre petite famille, alors c'est qu'intérieurement on est prêt, et que le temps, les finances, les peurs, ne seront toujours que de fausses excuses, et que tout se passera bien.

 

Après ce coup de téléphone, j'ai pensé, et j'ai réalisé : tu n'as jamais eu une vie de maman facile. Deux bébés rapprochés, un divorce, un travail prenant, des difficultés, c'était un peu ton lot quotidien d'en baver. Mais tu t'es adaptée, tu t'es très bien adaptée, et avec Sarah nous en sommes les preuves vivantes. Te confronter à une réalité compliquée n'a pas entaché ta capacité à être maman, mais t'a justement rendue plus forte. Les difficultés que tu as affrontées n'ont pas fait de toi une mauvaise mère, elles ont fait de toi une meilleure mère. 

 

Tu m'as rassurée, sans vraiment savoir. Puis deux jours après, alors qu'on descendait en vacances, tu as su, je n'ai pas réussi à te le cacher.  Et quand j'ai vu le bonheur dans tes yeux, j'ai compris : je suis ta continuité, et Louise est la mienne. Nous sommes une continuité, et nous serons toutes des mamans fortes et merveilleuses !

 

Bonne fête maman !!!!!!!

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Commentaires: 1
  • #1

    Frezabeu Sabine (lundi, 27 mai 2019 06:28)

    Merci pour ces belles paroles ma fille, cela me touche au plus profond de moi...